Communiqué de presse
M. Ksentini, nos agents de
l’Etat sont donc des criminels ?
Alger, 23
octobre 2013 – Le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)
s’indigne des propos tenus par M. Ksentini, président de la Commission
Nationale Consultative pour la Promotion et la Protection des Droits de l’Homme
(CNCPPDH). Dans une interview accordée à « Reporters » publié le … M.
Ksentini déclare : « il
a été demandé aux services de sécurité de porter des responsabilités très
lourdes et difficiles à assumer, ils l’ont fait, il ne s’agit plus de faire
leur procès ». Ainsi, M. Ksentini justifie les crimes atroces commis par les agents de l’Etat pendant
les années 90. Selon lui, ces actes ont été nécessaires pour permettre à
l’Algérie de retrouver la paix et la sécurité
Le Collectif des Familles de Disparus en Algérie
(CFDA) tient à rappeler le rôle d’une commission nationale pour la promotion et
la protection des droits de l’Homme. En effet, un organe national pour la
promotion et la protection des droits de l’Homme tel que la Commission
Nationale Consultative pour la Promotion et la Protection des Droits de l’Homme
(CNCPPDH), qui se prétend défendre et promouvoir les droits de l’Homme, ne peut
en aucun cas justifier des crimes aussi graves que la disparition forcée de
milliers de personnes. La CNCPPDH a l’obligation de rappeler aux autorités
algériennes de faire la lumière sur tous les crimes commis pendant la décennie
des années 90, de faire respecter le droit à la Vérité et à la Justice,
d’enquêter, de poursuivre et juger les responsables, d’indemniser les victimes
en leur apportant une réparation pleine et entière.
Contrairement à la mission initiale qui lui a été
attribuée, la CNCPPDH, par la voix de son président, Farouk Ksentini, justifie
les crimes commis par les agents de l’Etat durant les années 90. Dans cette
interview, il reconnaît que les agents de l’Etat ont commis des exécutions
extrajudiciaires mais fait abstraction totale de la justice, condition pourtant
essentielle dans le fondement d’un Etat de droit.
En tant que président de la CNCPPDH et de
surcroit avocat, M. Ksentini devrait savoir que la disparition forcée constitue
un crime contre l’humanité et n’est ni amnistiable ni justifiable, surtout lorsqu’elle touche
plus de 7200 personnes. Par conséquent, la charte pour la paix et la
réconciliation nationale et ses textes d’application n’ont aucune valeur
juridique au regard du droit international. Le dossier des disparus est donc
loin d’être clos.
Il y a lieu de rappeler que le Comité des droits
de l’Homme des Nations Unies a déjà condamné l’Etat algérien pour 19 affaires
de disparition forcée, constatant des violations de plusieurs dispositions du
Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Comité recommande
à l’Etat de mener des enquêtes approfondies et rigoureuses, de fournir aux
familles des indications détaillées quant aux résultats de ces enquêtes, de
poursuivre, juger et punir les responsables et d’indemniser les familles de
manière appropriée. En outre, le Comité des droits de l’Homme, et le Comité
contre la torture considèrent que les textes d’application de la Charte dite « pour
la paix et la réconciliation nationale » ne sont pas conformes aux
standards internationaux.
Cependant, force est de constater que loin de répondre
à ses engagements internationaux, les autorités algériennes, dont M. Ksentini
se fait le porte-parole, ne ménagent aucun effort pour tenter de tirer un trait
sur tous les crimes commis dans les années 90.
Convaincus que tous les disparus ne sont pas
morts comme l’affirme M. Ksentini, comment expliquer que parmi les 7200 personnes
reconnues disparues du fait des agents de l’Etat, aucun corps n’a jamais été
retrouvé.
Le CFDA appelle donc les autorités algériennes à respecter
leurs engagements internationaux qu’ils ont signé et ratifié et à mettre en
place un mécanisme pour l’établissement de la Vérité, dont la mission sera de faire
la lumière sur le sort de tous les disparus.
Pour
le CFDA
Nassera
Dutour,
Porte
– parole
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